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Eva KIM
Eva KIM est une jeune autrice qui partage du contenu sur les plateformes Instagram et TikTok. Son premier livre, paru en février 2023, Le Complexe de Cupidon, est une romance contemporaine. Elle utilise ses réseaux sociaux pour partager sa vie de jeune écrivaine, mais également de lectrice, où elle recommande des livres et fait part de ses opinions. Eva Kim montre aussi à sa communauté ses aventures en Corée du Sud, là où elle a vécu pendant quelque temps.
Interview d'Eva KIM
Comment les réseaux sociaux ont été un tremplin pour ton parcours professionnel ?
Sans les réseaux sociaux, je n’aurais pas du tout de parcours professionnel ! Lorsque je me suis lancée dans l’auto-édition pour mon premier livre, et plus largement dans la professionnalisation de mon activité d’écriture, je n’avais qu’une petite notoriété sur Wattpad. Elle n’était pas suffisante pour que je puisse espérer vivre un jour de mes romans.
Les réseaux sociaux (plus particulièrement TikTok) m’ont permis de communiquer efficacement sur cette activité. Ç'a totalement lancé mon premier roman sur Amazon et solidifié ma posture d’autrice aux yeux de ma communauté. De manière générale, je me suis mieux fait connaître dans le milieu de l’édition.
Pour preuve, deux éditeurs avec qui je travaille actuellement pour deux projets différents m’ont connue grâce à mon compte TikTok. Ils ont apprécié mon contenu avant de s’intéresser à mon activité d’écriture, ont été voir mes projets sur Amazon et Wattpad avant de me contacter pour me proposer un contrat d’édition. Je dois tout ça à mon travail acharné, certes, mais ce sont les réseaux sociaux qui m’ont offert le premier coup de pouce !
Est-ce que tu t’es lancée sur les réseaux pour promouvoir ton projet professionnel ?
Oui, totalement ! Je me suis lancée sur les réseaux sociaux (d’abord sur TikTok) alors que j’étais encore étudiante et en alternance en maison d’édition. Je ne savais pas trop ce que je voulais faire de ma vie ensuite. Tout ce que je savais, c’est que je voulais me donner un an pour voyager en y réfléchissant et sortir mon premier projet en auto-édition juste avant de partir.
J’avais la chance d’avoir déjà une petite communauté sur Wattpad qui attendait le livre dans sa bibliothèque, mais je voulais plus pour ce roman, alors j’ai ouvert un compte TikTok dans l’idée de le faire un peu connaître. Je voulais surtout construire une communauté de lecteurs solide, même petite, ça me suffisait.
Au final, les choses ont pris une ampleur inattendue, et aujourd’hui, les réseaux sociaux sont carrément devenus une source de revenus à part entière de mon activité d’autrice.
Quelle est ton expérience en tant que femme sur les réseaux ?
Je dirais que j’ai de la chance. Je suis principalement intégrée au booktok, une communauté en grande partie occupée par les femmes et facile à atteindre (dans le sens où j’apparais rarement dans la for you page de personnes qui n’y sont pas intéressées). Dès que mon contenu sort un peu de cette niche sécuritaire, par exemple, lorsqu’une vidéo buzze, je commence à m’inquiéter des commentaires que je pourrais recevoir – sur mon physique, ma façon de parler, mon humour. Mais en général, la base solide de bienveillance masque le reste.
Par sécurité, ma messagerie TikTok est limitée aux amis. Mais sur Instagram, il m’arrive de recevoir des messages hyper déplacés de la gent masculine, et sans aucun rapport avec mon contenu de base.
Quels sont les risques auxquels a tu t’exposes ?
Il y a deux risques auxquels je pense constamment, et qui m’obligent à une certaine prudence lorsque je poste sur les réseaux sociaux.
Tout d’abord, le risque sur ma réputation. Dans le secteur de l’édition, tout se voit et tout se sait. J’en ai conscience pour avoir travaillé en maison d’édition, alors j’essaie, avec les années, de faire toujours plus attention à ce que je dise et à l’image que je souhaite montrer de moi en public.
Et puis il y a le risque qu’on me stalke. Je crois qu’en tant que femme, on y pense toujours plus ou moins. Je suis hyper stricte sur le fait de bloquer quelqu’un dès que son comportement m’alarme. Ça m’est aussi déjà arrivé plusieurs fois de croiser des personnes qui me connaissent sur les réseaux dans un malheureux hasard qui ne me semblait pas trop en être un.
Est-ce que tu te sens moins privilégié que les créateurs de contenus masculins ?
Ce que je vais dire est peut-être contre-intuitif, mais dans la niche où je me trouve, c’est l’inverse : si j’étais un homme, j’aurais beaucoup moins de visibilité. C’est dû au fait que la lecture est encore perçue comme une activité féminine. Les hommes osent beaucoup moins poster et partager sur ce sujet. Par contre, je trouve que je suis moins privilégiée qu’un homme sur mon humour. La gent masculine détient encore un genre de monopole sur l’humour sur les réseaux sociaux, il y a des blagues que je ne pourrais jamais faire « légitimement » en tant que femme et j’en ai conscience. On trouve toujours que les femmes ne sont pas des personnes drôles, et ça se constate notamment sur les réseaux.
Est-ce que tu postes spontanément ou t’as un planning ?
Pas du tout ! J’ai essayé d’en faire un, mais je n’ai jamais réussi à le tenir. Je crois que c’est justement pour cette liberté de poster ce que je veux quand je veux que je me suis lancée, et ça fonctionne !
Comment tu te vois dans le futur sur les réseaux ?
J’aimerais bien diminuer un peu ma présence sur les réseaux sociaux. S’ils m’ont beaucoup aidée pour me lancer, ça reste une activité chronophage et parfois stressante (l’ambiance n’y est pas toujours très agréable, il faut l’avouer). Ma priorité, c’est vraiment de vivre de mon écriture. J’aimerais qu’un jour, les réseaux prennent davantage le rôle de béquille à cette activité, même si, pour l’instant, c’est ce qui me fait vivre en grande partie. Et puis j’aimerais prendre le temps de poster un contenu de meilleure qualité, prendre le temps de parler de ce qui me touche – pour l’instant, je n’en ai pas trouvé le temps.
Comment gères tu les critiques sur tes livres ?
Bien ! Ça me faisait un peu peur au début, mais je l’ai beaucoup mieux pris que ce à quoi je m’attendais. C’est peut-être parce que j’ai commencé à écrire sur des plateformes comme Wattpad, où les lecteurs donnent déjà leur avis spontanément. J’étais habituée à me confronter à des critiques avec lesquelles je n’étais pas forcément d’accord. Encore une fois, le positif prend largement le pas sur le reste : quand je reçois un commentaire ou une revue négative, je prends ce qu’il y a à prendre, et je regarde toutes les personnes qui ont apprécié le livre à côté.
Quels sont tes projets uniquement basés sur les réseaux ?
Pour l’instant, je n’en ai pas, tout simplement parce qu’ils restent un outil de communication sur mon activité d’autrice. Mais j’aimerais peut-être me développer de façon plus indépendante sur TikTok par la suite, quand j’aurai le temps d’y réfléchir !
Faut-il une certaine confiance en soi pour se lancer sur les réseaux ?
Je pense que oui. Après, je n’étais pas quelqu’un de particulièrement confiante quand je me suis lancée, et je refusais de me montrer. La confiance est justement venue avec les réseaux sociaux. Ça m’a permis de développer cette partie de moi dont je n’avais même pas conscience à l’origine, et c’est assez satisfaisant de voir l’évolution que j’ai fait à ce niveau-là depuis que je me suis lancée.
Est-ce que tout le monde peut se lancer sur les réseaux ?
Je pense que oui. Beaucoup de personnes viennent me dire qu’elles n’ont pas assez confiance en elles ou qu’elles n’ont pas d’idées pour le faire, et donc qu’elles ne se pensent pas faites pour ça. Moi, je pense qu’elles n’en ont juste pas envie au fond d’elles-mêmes. À partir du moment où on aimerait le faire, il n’y a pas de raison de se restreindre ! Toute légalité et prudence gardées, évidemment.